Rex et moi

Rex et moi

Épisode 1

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DEPUIS LA NUIT DES TEMPS, les grands mangent les petits et les petits piquent les grands.

Je suis une terreur chez les insectes ...

Mes plats préférés ? Les libellules d’un mètre de long, les mille-pattes énormes et les araignées gigantesques.

Moi, je ne pique pas. Je n’ai ni dard ni aiguillon, aucun venin, et je m’appelle Pick. Iggy Pick.

Je suis sorti de l’œuf dans la forêt profonde au début de la saison sèche.

Dans la famille, on s’appelle Pick, parce que ma maman, mon papa, moi et tous les autres, on couine « Piiik, piiik, piiik ! » à la naissance.

Je grandis au pied des arbres noirs géants.

Kino est mon meilleur ami et sa sœur s’appelle Zaïa.

On aime jouer à cache-cache avec l’ombre et la lumière entre les troncs. Je suis très fort à ce petit jeu ! On se bagarre pour rire et on attrape ensemble les plus gros insectes.

Quand on veut étendre notre terrain de chasse au-delà des arbres, nos parents nous grondent.

Ils crient encore plus fort le jour où le feu tombe sur un arbre. Les flammes s’étendent sur la forêt comme des ronds à la surface de l’eau. Il fait chaud, ça brûle.

Nous devons fuir et quitter les bois pour la première fois.

On a tous très peur et la fumée bleue nous pique les yeux.

Maman et Papa essaient de me rassurer. Je les aime, ils sont courageux !

De hautes silhouettes silencieuses nous enjambent lentement sans nous voir.

Dix fois plus grandes que mon papa !

C’est impossible ! Il mesure déjà un mètre quatre-vingts !

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Épisode 2

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Nous évitons leurs pattes énormes en nous déplaçant sans bruit dans l’épaisse fumée.

C’est comme ça que Kino, Zaïa et moi, les larmes aux yeux et le cœur battant, on a découvert les grands. C’est comme ça que j’apprends que je suis tout petit, en regardant ma forêt brûler.

Soudain, un cri ! Un hurlement plaintif et douloureux brise le silence.

Et il dure, il dure, et semble nous encercler pendant qu’on se serre les uns contre les autres pour compter les absents.

Où est Zaïa ? Lorsque le cri cesse, le silence qui suit est plus effrayant encore.

Zaïa manque à l’appel.

Je fonce sans réfléchir vers les cris qui ont repris. Je l’aperçois, poursuivie par une forme immense qui court, bondit et dérape en faisant trembler le sol. Je crie « ZAÏAAAAAA ! » de toutes mes forces, me précipite et m’interpose.

La chose énorme s’immobilise et se penche vers moi. Je vois deux grosses narines mouillées que je prends d’abord pour des yeux, avant de croiser vraiment le regard du monstre. Mon reflet est net comme dans l’eau d’un ruisseau. Je détale à toute vitesse, mais mes pattes brassent de l’air !

Je crie et je lance comme une cascade :

"T’as pas honte, dis ! T’as pas honte de t’attaquer à des plus petits que toi !

Tu me fais pas peur, t’es ridicule avec ta grosse tête et tes petits bras !

Si tu me lâches, tu vis ! Si tu m’avales, t’es mort ! Je suis poison !

Pas comestible ! Pas bon ! ..."

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Épisode 3

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Ricanant et gloussant, le monstre desserre et resserre sa mâchoire encore plus fort.

Ma queue casse net et je réussis à m’enfuir pendant que le monstre éclate de rire.

Son haleine est fétide ! Il se moque sans doute, mais je m’en fiche pas mal.

Zaïa est sauvée.

Mon papa dit que ma queue repoussera peut-être.

Tout le monde est fier de moi et m’entoure quand je m’écroule dans la poussière. Trop d’émotions ! ...

La vie du héros et de sa famille est devenue plus difficile. Depuis qu’ils ont quitté la forêt, ils ne trouvent plus autant d’insectes pour se nourrir, et ils sont la proie des carnivores.

On aperçoit le dessus de la tête de mon croqueur de queue dans les fougères, alors on fait demi-tour. Comme il court vite, il nous rattrape en deux secondes et nous barre le chemin.

J’ai peur, mais je lui réponds :

« Iggy Pick, et mon pote, c’est Kino. Il paraît que ton cerveau n’est pas plus gros que le mien ! C’est normal, quand on est le plus fort, on n’a pas trop à se creuser la tête, hein, Rex !

- C’est bien vrai ! dit Rex en riant. Petit rigolo, va ! »

Et il nous laisse partir.

Kino raconte à tout le monde comment on s’en est bien tirés encore une fois. Je continue à faire le malin, mais je le paie parfois très cher. J’ai pas mal de cicatrices.

Iggy Pick est respecté par le grand Rex, parce qu’il le fait rire. Certains trouvent qu’il a tort d’avoir un grand pour ami et il se défend.

« ... Moi aussi je mange des plus petits que moi quand j’ai faim ! C’est la chaîne alimentaire, c’est mon père qui me l’a dit. C’est normal, c’est la nature ! »

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Épisode 4

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Je remarque que Rex et les autres grands ont pas mal de parasites sur le dos qui les gênent. C’est bon, les parasites !

« Hé, Rex, toi au moins, tu risques pas de te faire disputer par ta mère parce que tu te mets un doigt dans le nez ! »

Et voilà Rex et les autres qui rigolent en chœur.

En effet, avec leurs petits bras et leurs grosses pattes ils sont incapables de se moucher ou de se gratter le dos.

ET PAF ! Je saute sur le dos de Rex et je commence à lui gratter les reins en dégustant les parasites bons à manger.

Les autres, je les jette.

« Ah, ça fait du bien ! Gratte-moi plus haut, s’il te plaît !

- Et nous ? Et nous ? Iggy ! ajoutent les autres.

- Doucement les pouilleux ! Je ne peux pas tout faire tout seul. Des siècles que vous attendiez ça, vous pouvez attendre encore dix minutes, je vais chercher du renfort. »

Je reviens avec Kino, Zaïa et toute la famille.

Maintenant, on n’aura plus faim et les grands ne nous mangeront plus.

On s’entend de mieux en mieux avec Rex. Souvent, on se balade et il m’aide à chercher de grosses larves à manger en broyant les arbres morts avec sa mâchoire énorme. ...

Zaïa me dit encore merci de lui avoir sauvé la vie.

« C’est normal, Zaïa !

- Non, Iggy, tu es le premier à avoir compris que l’amitié « tait précieuse entre les grands et les petits, les grandes et les petites. Grâce à toi, notre vie est plus facile. Tu es formidable, courageux et étonnant, Iggy Pick !

- Arrête, Zaïa ! Je suis petit, mais je vais grandir encore, et alors je deviendrai terriblement fort...

- A toi d’arrêter ! Je t’aime bien comme tu es, Iggy.

- Moi aussi, je t’aime bien, Zaïa. »

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